Les intoxications alimentaires chez le cheval peuvent êtres causées par : 
  • une ingestion accidentelle de plantes toxiques
  • une ingestion d’aliments contaminés
  • une ingestion d’aliments en quantité excessive

Nous allons nous intéresser au premier cas : le cas des plantes toxiques et plus particulièrement celui de l’Érable Sycomore.Retrouvez également notre article concernant une autre plante toxique: le Séneçon.

Les graines (samares) et plantules de certains arbres du genre Acer, (i.e les érables) dont l’érable Sycomore en Europe et l’érable Negundo aux Etats-Unis, contiennent de l’hypoglycine A. Cette toxine affecte le système musculaire et engendre notamment la maladie appelé myopathie atypique aussi appelée Myoglobinurie Atypique. Cette maladie frappe les équidés de toutes espèces. Elle ne présente pas les caractéristiques d’une maladie contagieuse bien que son apparition soit liée à des conditions environnementales particulières et que donc plusieurs chevaux d’une même prairie peuvent être affectés simultanément.

Intoxication

Une fois ingérée, l’hypoglycine A est métabolisée en un composé toxique qui perturbe le métabolisme énergétique conduisant à des désordres biochimiques, observés à la fois dans la myopathie saisonnière, qui affecte les chevaux aux États-Unis, et la myopathie atypique en Europe. La myopathie atypique est une intoxication à l’origine d’une maladie [pathie] touchant les muscles [myo] des équidés.
Le printemps et l’automne sont deux saisons propices aux intoxications :

  • à l’automne on observe une dispersion des samares au sol à plus de 200m des arbres.
  • au printemps on observe une germination des plantules

De manière générale, il faut être vigilant quant à la présence d’arbres dans et aux alentours des pâtures, ainsi qu’aux conditions météorologiques. L’humidité favorisant le ruissèlement de l’eau sur les plantules peut provoquer une contamination de l’eau.

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Processus d’intoxication

L’hypoglycine A, une fois ingérée, est métabolisée en un composé toxique : le MCPA-CoA. Ceci provoque une perturbation du métabolisme et du transport des lipides (accumulation d’acylcarnitines dans le sang, qui pourra être dosé pour diagnostic et pronostic). Les cellules sont alors incapables d’utiliser normalement les lipides comme substrats énergétiques, ce qui entraine la destruction massive de certains muscles (rhabdomyolyse) comme les muscles de la posture, de la respiration et les muscles cardiaques.

Symptômes

Les signes cliniques apparaissent souvent de manière soudaine :

  • Urines foncées : lors de la destruction des muscles, un pigment, la myglobine qui est une néphrotoxine, est libérée et éliminée dans les urines ce qui provoque une coloration
  • Muqueuses congestives
  • Abattement : cheval couché incapable de se relever, cheval raide, tremblement, sudation
  • Appétit conservé voire parfois augmenté. Des troubles de la déglution associés à un jetage alimentaire peuvent apparaître
  • Hypothermie dans 1 cas / 3 (<37,5°C), coliques dues à une distension de la vessie et troubles respiratoires
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Diagnostic

Le diagnostic est basé sur les signes cliniques, puis les analyses d’urine et sanguines, et enfin la biopsie musculaire. Le dosage des acylcarnitines et des enzymes musculaires dans le sang permet d’obtenir un diagnostic de certitude et un pronostic de survie. 75% des chevaux atteint de myopathie atypique décèdent.

Traitement

Aucun antidote de l’hypoglycine A n’est connu pour le moment, le traitement est donc essentiellement symptomatique. Il faut tout d’abord contrôler la douleur de l’animal. La mise en place d’un traitement permettant de régler les déséquilibres électrolytiques, la déshydratation et de protéger la fonction rénale est mis en oeuvre grâce à une fluidothérapie agressive et adaptée en fonction des résultats de la prise de sang.

L’apport de vitamine B2, de vitamine E, de sélénium et d’eau sucrée permet de soutenir le métabolisme énergétique et de lutter contre le stress oxydant.

Le but principal du traitement est de protéger la masse musculaire.

Prévention et moyens de lutte

Afin d’éviter les intoxications, il faut identifier les parcelles à risque grâce à des observations minutieuses, afin de détecter la présence d’érables et de samares dans les prés ou aux alentours.

L’accès aux pâtures doit être limité pendant les saisons à risque (printemps/automne) et de météo défavorable.

Prévenir le sur-pâturage permet d’éviter que les chevaux mangent tout ce qui se trouve à leurs portée, y compris les éléments pouvant être toxiques pour eux. La complémentation est une solution pendant les périodes à risques, toutefois il n’est pas recommandé de nourrir à même le sol, afin d’empêcher l’ingestion d’éléments toxiques pouvant être présents au sol.

Il est important d’abreuver les chevaux avec de l’eau propre, de nettoyer régulièrement les abreuvoirs et de faire attention à l’eau pouvant être contaminée (ruissèlements, parcelles humides).

La mise en place d’un réseau de surveillance important (comme le RESPE en France ou AMAG) est un moyen de prévention et de lutte efficace car il permet de prévenir les détenteurs d’équidés et de faire avancer la recherche.

Tous les érables ne sont pas incriminés, il est essentiel d’apprendre à les reconnaitre.

Conclusion

La myopathie atypique est une maladie saisonnière, présente en France et en Europe, qui provoque une destruction des muscles posturaux, respiratoires et du myocarde causé par une toxine appelé hypoglycine A, contenue dans les graines de certains arbres du genre « Acer» (Érables).

Un réseau d’épidémio-surveillance et une campagne d’information est menée. Il est important d’être vigilant et de savoir reconnaître les signes cliniques pour agir le plus rapidement possible face à la maladie.

En effet, aucun antidote n’existe à ce jour et nos seuls moyens de lutte restent la connaissance des facteurs de risque et les mesures de prévention.

Bibliographie

  • La myopathie atypique des équidés, Equi-paedia, IFCE, Dr VETION, mai 2018
  • Médecine interne ambulatoire Equine Myopathie Atypique, Dr Laureline LECOQ, ACVIM, MedIAE, 2013
  • La myopathie atypique : la clé de l’énigme, RESPE, Florence PATARIN, Christel MARCILLAUD PITEL, Dominique M VOTION, janvier 2014
  • Bilan clinique, épidémiologique et étiologique de la myopathie atypique du cheval de pré, These, Louise COMBES, juin 2010.
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